Nous continuons la série d'articles sur les réalisations du maquettiste de talent et passionné de E.P. Jacobs, Benoît Verley aujourd'hui bien connu de nos lecteurs pour ses réalisations originales et de grande qualité, mais également connu pour sa participation au projet du futur album de fan Le Nouvel Atlantide avec Eric Sassine.
Les précédents articles nous présentaient la scène "Mortimer pénètre dans le repère de Septimus" (tirée de La Marque Jaune), l'Astronef Atlante, l'Aile Rouge et
la voiture du Dr Grossgrabenstein, quatre splendides
maquettes en "scratch", c'est à dire réalisées avec divers matériaux, souvent détournés de leur utilisation initiale, ou issus de la récupération, et donc réalisables par tout un chacun avec un
minimum de minutie et en suivant scrupuleusement les indications de Benoît Verley.
Nous avons donc le plaisir de vous présenter aujourd'hui la maquette du Chronoscaphe que l'on voit bien sûr dans le mythique album Le Piège Diabolique , et réalisée par Benoît.
Encore une somptueuse réalisation, toujours accessible à tous pour un faible coût. Cette maquette, en plus de surpasser les modèles du commerce, se paie le luxe d'être déclinée en 2 situations !
En effet, on peut y mettre le Professeur Mortimer habillé de sa combinaison pilotant le fabuleux engin, ou également (et c'est un inédit je pense) un chronoscaphe avec le Professeur Miloch
préparant son coup ! Encore du grand art et on sent également tout le plaisir qu'a Benoît de construire ces modèles uniques.
Mais laissons la parole à Benoît pour les explications et les images :
Cinquième épisode : le Chronoscaphe.
Souhaitant réaliser un objet suffisamment grand pour que la sphère soit "habitée", j’ai opté pour un diamètre de celle-ci de 200 mm, sous la forme d’une boule de guirlande (décidément source de
nombreuses utilisations !) qui m’a été opportunément fournie à l’époque (merci Alys!).
1. Travaux effectués sur la sphère.
A) La première opération consiste à la couper en deux parties égales suivant un plan médian correspondant à celui de l’assemblage d’origine, dont la ligne apparaît sur la photo des
astronefs et de la boule, laquelle donne une bonne idée de l’échelle.
Une demi-coquille servira à l’habillage interne, l’autre comportera l’ouverture de l’engin. L’intérieur des coquilles est recouvert de feuilles de cuivre d’épaisseur 0,05 mm, sur les bords desquelles sont inscrits en relief ce qui représente les rivets de fixation. L’intérieur est peint en gris acier.
B) Les croquis préparatoires de Jacobs se révèlent suffisamment précis pour être exploités. Ainsi, ils nous précisent l’architecture du siège de Mortimer, en vue de face et de profil, un peu d’extrapolation à l’échelle définit sa fixation dans la coquille : la forme de la partie supérieure est adaptée à la rotondité intérieure de la sphère et une cale de forme adaptée immobilise la partie inférieure du siège.
Le siège est réalisé en carte plastique blanche de 1 mm d’épaisseur. Les accoudoirs massifs contenant l’appareillage de commande sont réalisés en bois de 20 mm
d’épaisseur.
L’assise du pilote, adaptée à celui-ci, est constituée d’un revêtement en pâte plastique (Plastiroc) et peinte en rouge.
Le siège est peint aussi en gris acier. Il est fixé sur le bord de la coquille de façon à ce que son axe coïncide avec ledit bord.
Pour compléter l’équipement intérieur, installer le tableau de bord, tiré de la case B1 de la planche 6 (page 8) du "Piège", sur une feuille de carton ronde de 12 cm de diamètre.
C) Le tracé de l’ouverture sur l’autre demi-coquille comporte un arc de cercle de 70 mm de rayon, centré sur le sommet de la coquille, prolongé en partie inférieure par une découpe horizontale et, en partie supérieure par un autre arc de cercle de 82 mm environ de rayon centré sur le bord de la coquille. La découpe se fait à la scie-aiguille.
Nota : L’ouverture se fait uniquement d’un seul côté, contrairement à ce que Jacobs a prévu car une découpe complète a pour effet de déformer la boule (constaté par expérience !). La trappe
résultant de cette découpe est équipée de deux tenons et d’une vis permettant son maintien en position, sphère fermée.
D) Avant d’assembler les deux demi-coquilles, prévoir la réalisation de la suspension de la sphère dans l’anneau vertical. Celle-ci est constituée de quatre sections de fil en nylon (type fil de
pêche) transparent de 10 cm de long, coincées entre les demi-coquilles lors de leur assemblage, deux verticalement, diamétralement opposées, les deux autres horizontalement, celle de l’avant
légèrement décalée vers le haut en raison de la présence de l’ouverture. Peindre la boule en noir brillant au pistolet ou à la bombe.
2. Les anneaux.
A) Détermination des dimensions.
D’après le croquis de Jacobs, si D est le diamètre de la sphère, le diamètre intérieur des anneaux vaut 1,235D, le diamètre extérieur vaut 1,845D et l’épaisseur 0,07D. Ce qui donne respectivement
pour un diamètre de 200 mm : 247, 369 et 14 mm.
B) Les anneaux sont confectionnés en contre-plaqué de 10 mm. Si l’anneau vertical est réalisé d’une seule pièce, par contre l’anneau horizontal est en deux parties. L’anneau vertical comporte deux rainures externes suivant un diamètre horizontal et un orifice dans la partie inférieure destiné à recevoir la vis de fixation de l’appareil sur son socle.
Les deux parties de l’anneau horizontal comportent chacune une rainure interne, complémentaires des précédentes et des plans de joint genre tenon-mortaise.pour leur assemblage. Lors de la
confection de ces anneaux, bien vérifier « à blanc » l’assemblage des pièces (perpendicularité, précision des interfaces...).
Percer quatre trous (deux horizontaux, dont un décalé, et deux verticaux) de 1 mm sur la face interne de l’anneau vertical, destinés à recevoir les quatre fils de nylon, lesquels trous débouchent côté extérieur de l’anneau ou sur le côté si le perçage est fait en oblique.
C) Assembler la sphère dans l’anneau vertical en la centrant en jouant sur les fils. Prévoir une fixation solide de ces fils dans leur logement (colle à deux composants par exemple) car ils
garantissent le centrage et le maintien de la sphère.
Ensuite, présenter les demi-anneaux horizontaux en les engageant dans les rainures et les assembler. Bien vérifier la planéité de ces demi-anneaux, lors du collage (colle à bois) et la
perpendicularité par rapport à l’anneau vertical.
3. Habillage.
Lorsque les anneaux sont bien assemblés les recouvrir de bandes de carton-plume de 2 mm d’épaisseur, de façon à obtenir les 14 mm demandés. Ensuite, recouvrir l’ensemble de papier gris aluminium,
disponible dans les magasins de décoration (Grafigro, Rougié-et-Plé…).
Le chronoscaphe est fixé sur une planche de contre-plaqué de 10 mm d’épaisseur et de 37 cm de diamètre. Le socle est découpé dans un matériau léger d’isolation de 6 cm d’épaisseur et collé sous
la planche. Il est percé en son centre pour accéder à la vis de fixation du chronoscaphe.
4. Les personnages.
Deux personnes gravitent autour du chronoscaphe : l’utilisateur malgré lui, Mortimer et le concepteur, Miloch.
A) Le personnage Mortimer est tiré d’un modèle commercial de 14 cm (de même origine que Herr Doktor), façonné avec maints rajouts de pâte durcissable
(toujours du Plastiroc) pour obtenir le scaphandre original. Deux tubes de 1 cm sont inclus dans les mains pour figurer les deux leviers, lesquels tubes sont glissés dans deux orifices pratiqués
dans les accoudoirs, ils participent aussi au maintien de Mortimer sur le siège.
Le casque est confectionné à partir d’un bloc de bois, évidé et ajouré. La visière en rhodoïd peint est articulée sur les côtés du casque par deux punaises. Un morceau de plastique vert
translucide est glissé derrière la visière. La chevelure d’origine est adaptée à celle de Mortimer, avec adjonction de la barbe, le tout étant peint en roux.
B) Le personnage de Miloch demande à l’habiller d’une blouse blanche dont les éléments sont découpés dans du tissu : la blouse elle-même, dos et devant, dont le dessin est inspiré des « patrons
», plans de confection de vétements ; les manches et le col. La chevelure d’origine est éliminée et remplacée par un calot en tissu blanc. Le visage est aminci et « tailladé » pour figurer
l’aspect émacié de celui de Miloch. Adjoindre des lunettes fumées (fil de laiton et bouts de plastique). La chaussure gauche est équipée d’un corps de vis qui permet de placer le personnage sur
le socle tout en le gardant amovible.
5. Les accessoires.
L’escabeau est réalisé en tube de laiton de 3 mm convenablement plié et courbé, auquel sont collées les marches confectionnées en bois de 1 mm.
L’escalier, réalisé en bois, possède en partie supérieure des pattes destinées à être glissées dans deux rainures pratiquées dans le socle.
Cette pièce maîtresse de la magie jacobsienne est prête à assurer sa fonction, c’est-à-dire de voyager dans le temps, d’ailleurs, j’avais bien justement pris des clichés en cours de réalisation
car elle a disparu, égarée dans « Les méandres du temps » (merci Patrick !).
Episode suivant : La « Marque Jaune » devant Septimus.
Un grand merci à Benoît pour cette réalisation splendide !