On le sait, Edgar P. Jacobs adorait le cinéma et de fait, a été largement influencé par les films qu'il a pu voir. Pour s'en persuader, la plupart des ouvrages ou biographies sur le père de Blake et Mortimer comportent des chapitres sur ces influences cinématographiques et recensent plusieurs films comme par exemple M Le Maudit (Fritz Lang 1931) ou L'Homme Invisible (James Whale - 1933).
Ainsi, de nombreuses cases ou ambiances de Blake et Mortimer semblent sortir tout droit de films noir des années 50, tout comme les découpages très travaillés et les cadrages très originaux pour l'époque.
Il n'est donc pas rare de redécouvrir dans certains films, souvent anciens, des images fortes ou des idées vues dans les albums de Blake et Mortimer. Ces séquences ont peut-être influencé E.P. Jacobs, ou sont peut-être de simples coïncidences, mais quoi qu'il en soit, il est toujours savoureux et passionnant de les découvrir.
Et c'est le cas avec le film qui nous intéresse aujourd'hui : Sherlock Holmes et la Femme en vert (R.W. Neill - 1945) qui nous a été signalé par Alexandre Bigle, un de nos lecteurs. Ce long métrage mettant en scène les aventures de Sherlock Holmes et Dr Watson, joués respectivement par les fameux Basil Rathbone et Nigel Bruce, possède une belle ambiance Jacobsienne (comme de nombreux Sherlock Holmes d'ailleurs !), et on y retrouve notamment 2 séquences très proches de certaines scènes de Blake et Mortimer.
Voici par exemple une scène de démonstration d'hypnose sur le Dr Watson, qui doit se concentrer sur une disque tournant, disque qui nous fait penser très fortement au disque qu'utilise le Professeur Septimus dans La Marque Jaune ! Le Docteur Watson, invétéré septique n'y résiste d'ailleurs pas...
Le second parallèle de ce film avec Blake et Mortimer concerne l'album L'Affaire Francis Blake. On sait que le scénariste Jean Van Hamme s'est largement et ouvertement inspiré du film Les 39 Marches (Hitchcock - 1935), mais une scène de Sherlock Holmes et la Femme en Vert fait irrémédiablement penser à une séquence de l'album dessiné par Ted Benoit.
En effet, Sherlock Holmes, pressentant un piège destiné à le supprimer (un tireur le vise depuis l'immeuble en face du 221B Baker Street), décide d'utiliser une statue de Jules Cesar qu'il affuble de sa pipe pour tromper le tireur embusqué et lui faire croire qu'il lit tranquillement derrière le rideau. Bien sûr grâce à ce subterfuge, le héros de Conan Doyle en réchappe.
Dans l'album L'Affaire Francis Blake, le professeur Mortimer a lui aussi la même idée pour tromper les policiers qui le surveillent. Il utilise une statue égyptienne (celle d'Horus qui horrifie Olrik/Guinea Pig dans La Marque Jaune ?) pour simuler sa présence et ainsi faire faux bond aux hommes qui le guettent !
Il est donc fortement conseillé d'avoir toujours une statue chez soi, elle pourra peut-être être utile un jour !
Un grand merci à Alexandre Bigle pour ces informations !
Si vous repérez d'autres rapprochements entre Blake et Mortimer et le cinéma, n'hésitez pas à nous les signaler.