A l'occasion des 50 ans de l'Atomium, inauguré en avril 1958 dans le cadre de l'Exposition Universelle de Bruxelles, les éditions Champaka ont
demandé à 14 artistes de la bande dessinée européenne de rendre hommage à ce monument emblématique de la "ligne claire".
En fonction de ce qu'évoque pour lui le monument bruxellois, chacun a réalisé une oeuvre imprimée en sérigraphie sur un papier de haute qualité, chaque estampe faisant l'objet d'un tirage
numéroté et signé par l'artiste (60 x 80 cm, 199 exemplaires, 150 €).
La saison 1, mise en vente en avril 2008, comprend les contributions de François Avril, Philippe Berthet, Floc'h, Jean-Claude Götting, André Juillard, Jacques de Loustal et
Joost Swarte. La saison 2, mise en vente en septembre 2008, regroupera Ted Benoit, Dupuy et Berbérian, Vittorio Giardino, Ever Meulen, Frank Pé, François Schuiten et Bernard
Yslaire.
André Juillard ou l'Atomium en songe
Pour tout fan de Blake et Mortimer, les mots "Atomium" et "1958" évoquent immédiatement Les Sarcophages du 6e continent, récit qui se déroule il y a exactement 50
ans dans le cadre de cette Exposition Universelle de Bruxelles magnifiquement reproduite par André Juillard.
Le maître de la "ligne claire" réaliste qu'est Juillard se devait donc d’être présent dans cette collection Atomium 1958-2008. Il nous offre, comme à son habitude, une
oeuvre magnifique, intitulée Paris-Bruxelles, Bruxelles-Paris, où souvenirs et songes sont le chemin qu'il a choisi de suivre pour établir un lien entre la Tour Eiffel et
l’Atomium, mais aussi entre Paris, Bruxelles et New York, ses trois villes favorites.
Le jeune André a visité l’expo avec son école en juin 1958, mais avoue n’en conserver aucun souvenir. "En fait, j’ai découvert l’Atomium, il y a peu, en dessinant Les Sarcophages du 6e
continent, sur l’imposante documentation transmise par mon scénariste Yves Sente." Pour le dessinateur des Sept Vies de l'Epervier, l’Atomium partage un point commun avec la Tour
Eiffel : il ne sert à rien. "Ce n’est pas de l’architecture fonctionnelle, c’est de l’architecture symbolique du pouvoir de l’homme à défier les lois de l’attraction et de sa foi en la science.
La Tour Eiffel a gardé son air XIXe siècle, l’Atomium, lui, reste plus intemporel, pour le moment…"
L’auteur du Cahier Bleu avoue ne pas avoir cherché à rendre hommage au "style atome" dont il estime être assez éloigné, "même si je suis moi-même nostalgique d’une époque que
j’ai vécue sans y faire attention, comme un enfant, mais la lecture passionnée du journal Spirou a laissé des traces indélébiles." A l’entendre, le "style atome" pourrait être une
invention tardive d’auteurs nostalgiques de l’Ecole de Marcinelle (Jijé, Franquin, Will, Tillieux…) et des années 50. "Franquin était le meilleur représentant de cette époque, tant il a dessiné
son temps avec une verve incroyable. Sans le génie de Franquin, y aurait-il eu un "style atome" ?"
"J'ai réalisé une image d'ambiance correspondant plus à ma manière de traiter un sujet : le moins frontalement possible, tout en essayant de suggérer une histoire par petites touches (la Tour
Eiffel, la nuit, la femme endormie, la femme et le petit garçon devant l'Atomium figurés comme une photo). Tout cela est très signifiant pour moi, mais je n'ai pas forcément envie de m'en
expliquer. C'est au spectateur de se raconter sa petite histoire ou de reconstituer la mienne si le coeur lui en dit."
Et comme on ne se lasse pas d'admirer les magnifiques dessins réalisés par André Juillard, voici le crayonné du projet Atomium 1958-2008 :
et la maquette couleurs de cet hommage d'André Juillard à l'Atomium :
Pour plus de détails, vous pouvez consulter :
- le tout nouveau site de Champaka où figurent l'ensemble des sérigraphies
- le site officiel de l'Atomium
- l'excellent blog Klare Lijn International consacré à
l'actualité de la BD ligne claire